Quel est le signe de ta « pâque » ?

Éditorial par Père Albert Wanso

Quel est le signe de ta « pâque » ?

La pâque juive, (Pessah, passage en hébreu) célébrait l’événement fondateur du peuple de Dieu : la libération de l’esclavage par la sortie d’Egypte. Le rite principal est le repas pascal en famille, avec l’agneau, les pains azymes, les herbes amères, les quatre coupes de vin. Cet événement est rappelé et célébré par Israël tout au long des diverses étapes de son histoire, aux heures lumineuses comme aux heures sombres
(cf. Théo, p 141b).

Le dernier repas de Jésus avec ses disciples évoque ce repas pascal familial. Pressentant sa mort imminente, Jésus y donne en partage à ses disciples, son corps offert pour l’humanité, sous la forme du pain, et son sang versé, sous la forme du vin. « Les chrétiens reconnaissent dans la mort et la résurrection de Jésus l’accomplissement de ce que préfigurait l’Exode : la libération du péché et de la mort, et l’entrée dans la vie de Dieu »1. Pour eux, Pâques n’est pas simplement une fête parmi d’autres : elle est la Fête des fêtes, Solennités des solennités.

Le mystère de la Résurrection, dans lequel le Christ a écrasé la mort, pénètre notre vieux temps de sa puissante énergie, jusqu’à ce que tout Lui soit soumis (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique n°1169). Et si le Christ est entré dans notre vieux temps, ce n’est pas pour s’installer… « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle- fille et sa belle-mère et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison » (MT 10,34). Jésus aime la paix. Il est le Prince de paix qui construit le royaume de paix (Is. 9, 6-7). Il appelle les hommes à être des artisans dec2 paix (Mt 5,7). Mais il savait que son enseignement n’arrangerait pas tout le monde.

Être chrétien et en témoigner implique d’avoir le courage d’être différent de la majorité. Célébrer Pâques, c’est résolument s’engager à bâtir un monde où règne la fraternité. « Le culte sincère et humble de Dieu conduit non pas à la discrimination, à la haine et à la violence, mais au respect de la sacralité de la vie, au respect de la dignité et de la liberté des autres, et à l’engagement affectueux pour le bien de tous » (Fratelli tutti, n°2983). La majorité pense que le bonheur se construit par les armes, c’est une illusion, « l’amour fraternel multiplie notre capacité de bonheur car il nous rend capable d’être heureux du bien des autres. Ne nous laissons pas voler la fraternité » (Il vit, le Christ, n°167).

La plus belle preuve de notre passage des ténèbres à la Lumière, de notre libération du péché et de la mort, c’est la fraternité. Jésus demandait à son Père « qu’ils soient un » (Jn 1, 21).

Si nous avons préparé avec ferveur dans le jeûne, la prière et l’aumône, la Fête des fêtes, c’est pour en sortir renouvelés. À quoi aurait servi ton jeûne si tu reprenais les mêmes actions au lendemain de Pâques ? À quoi t’auraient servi tes nombreuses adorations si tu n’en portes les fruits dans ta vie après la fête ? Pourquoi as-tu fait l’aumône si c’est pour ton orgueil ? Le Pape affirme que « pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser l’amour dans la vie sociale - au niveau politique, économique, culturel -, en en faisant la norme constante et suprême de l’action » (Laudato Si, n°231).

Père Albert

1. Théo. L’Encyclopédie catholique pour tous, page 230 b.

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