« Scruter l’avenir »

Éditorial par Père Albert Wanso
Éditorial du bulletin paroissial d’avril 2023

J’emprunte ce titre au professeur Louis Monloubou du Grand séminaire de Toulouse dans les années 75. En effet dans le troisième Tome de la série « La Bible aujourd’hui », il présente au peuple Israël le prophète Ezéchiel porteur d’espérance et de courage. « Alors que, sur les ‘’bords des fleuves de Babylone’’, les exilés languissent de désespérance au souvenir de la trop lointaine Sion, alors que sur l’emplacement de la ville détruite, dans le décor de ses ruines calcinées, résonnent les liturgies de deuil et se succèdent de lugubres complaintes, alors que tous les yeux des fils d’Israël ne sont plus occupés qu’à pleurer un passé irrémédiablement révolu, Ezéchiel, lui, .…vit dans l’avenir »1.

A u-delà des guerres, des catastrophes naturelles qui causent à raison la peur, la tristesse, la désespérance, les plaintes et complaintes, nous, chrétiens d’aujourd’hui avons la fâcheuse tentation de vivre dans le passé. Et c’est dans cet esprit du passé que beaucoup ont vécu les quarante jours offerts pour la conversion des cœurs. Ainsi, écrit la dominicaine Anne Lécu  : « Nous avons scruté en nous la complicité possible avec les forces d’anéantissement et de désespoir, et nous sommes descendus dans les nuits de notre monde et les nuits de nos cœurs ». Mais avant nous et pour nous, le Christ est descendu aux enfers pour nous en délivrer. Il veut un monde nouveau et une terre nouvelle où règnent la charité, la justice et la fraternité portées par une confiance absolue en Dieu. Le passage de la mort à la vie manifestée, appelé résurrection, doit être l’action quotidienne de tout chrétien. Notre fête de Pâques est l’expression de ce qu’a été notre carême. Le carême qui plaît à Dieu, écrit le prophète Isaïe, « N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (58,6-7).

D epuis trois ans, nous ne savons pas quel sens donner à la Pâque du Christ face à la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, la famine en Afrique, la crise climatique, la crise économique etc…la liste est interminable. Le Pape nous lance cet appel : « Face aux signes persistants de la guerre, ainsi qu’aux nombreuses et douloureuses défaites de la vie, le Christ, vainqueur du péché, de la peur et de la mort, nous exhorte à ne pas céder au mal et à la violence. Laissons-nous envahir par la paix du Christ ! La paix est possible, la paix est nécessaire, la paix est la responsabilité première de tous ! » Le Seigneur nous a promis un cœur nouveau. Il veut extirper de chacun de nous ce cœur de pierre. Par la force de son Esprit, portons l’espérance. L’avenir donnera les fruits de cette espérance qui nous habite.

J ésus, le Crucifié, est ressuscité ! Il nous rejoint dans nos tristes réalités et nous dit : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19).

B onne fête de Pâques et que notre joie pascale soit contagieuse.

Père Albert 


1. L. Monloubou, « scruter l’avenir », in La Bible, t. 3, page 370.

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