Carême et fraternité  !

Éditorial par Père Albert Wanso

Carême et fraternité  !

Depuis le 17 février, l’Église universelle est entrée en Carême. Ce temps propice à l’intériorité est offert 40 jours avant la joie de la Résurrection du Seigneur. Le Carême est un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité. Traditionnellement, jeûne, prière et aumône sont les éléments clés pour vivre ce temps de conversion. Mais quel sens ont ces pratiques religieuses si elles ne rapprochent pas de « l’amour de Dieu qui fait de nous des frères et des sœurs dans le Christ » (Pape François, Message pour le Carême 2021). « Vous jeûnez tout en cherchant querelle et dispute et en frappant du poing méchamment ! Tous vos gens de peine, vous les brutalisez ! » (Is 58, 3-4).
Comment vivre le Carême en faisant fi des souffrances humaines ?

Carême devra rimer avec fraternité. C’est le temps pour vivre une « fraternité ouverte qui permet de reconnaitre, de valoriser et d’aimer chaque personne indépendamment de la proximité physique, peu importe où elle est née et habite » (Fratelli tutti, 1). En effet, la pandémie a fait des nécessiteux au plan économique, social et relationnel. Ouvrons nos yeux, nos oreilles pour entendre les murmures des étudiants. Un sondage Ipsos réalisé ces jours-ci livre des résultats alarmants : « 73% des jeunes déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique, et 23% d’entre eux disent avoir eu des pensées suicidaires durant cette période, selon une étude de la fédération des associations générales étudiantes (Fage) ». En effet, la diminution des interactions sociales, l’inquiétude face à l’avenir, le stress lié aux études à distance, ainsi que la précarité accentuée par la crise sanitaire, sont source de mal-être chez beaucoup d’étudiants, de travailleurs et de nombreuses familles. Le temps de Carême devra nous engager à aimer et à aider. L’humain devra être l’objet et le but de notre Carême. Pourquoi, jeûner si cela ne nous aide « à aimer Dieu et notre prochain » ? Le jeûne doit favoriser « le mouvement qui amène à concentrer l’attention sur l’autre en l’identifiant à soi-même » (Message pour le Carême 2021).

L’aumône, l’expression de la charité ne devra pas être un simple slogan. « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en acte et dans la vérité ; à cela nous reconnaîtrons que nous sommes de la vérité, devant lui nous apaiserons notre cœur » (1 Jn 3, 17-19). La charité est don gratuit ; elle ne doit pas chercher à humilier. Par la charité, « nous considérons celui qui est dans le manque comme un membre de notre propre famille, comme un ami, comme un frère. Le peu, quand il est partagé avec amour, ne s’épuise jamais mais devient une réserve de vie et de bonheur » (Message pour le carême 2021). Si notre charité n’est pas gratuité, elle emprisonne. Celui qui ne vit pas la « gratuité fraternelle fait de son existence un commerce anxieux ; il est toujours en train de mesurer ce qu’il donne et ce qu’il reçoit en échange » (Fratelli tutti, n°140). Le Carême nous aide à prendre soin les uns des autres, surtout de ceux et celles qui se trouvent dans des conditions de souffrance, de solitude ou d’angoisse causées par la pandémie du Coronavirus.

Dans une attitude filiale et confiante, faisons chemin avec le Christ qui nous offre ce temps de conversion. « Le temps du Carême est un temps pour espérer, pour tourner de nouveau le regard vers la patience de Dieu ». L’apôtre Paul nous exhorte fortement à ne pas louper cette chance ; c’est le moment favorable pour nous réconcilier avec Dieu et avec nos frères : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu…Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut » (2 Cor.5, 20b. 6, 2b). Dans une prière humble et vraie, jour après jour, montons à la montagne du Seigneur.

Père Albert
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